lundi 27 août 2012

TRAHISON !

L’événement est passé presque inaperçu en cette fin d'été 2012, la Gauche de Gauche et les médias alternatifs ont emboîté le pas à BHL sur le terrain de la Syrie. Des preuves ?

 Le 9 février 2012 la CGT, la CFDT, l'UNSA, Solidaires et la FSU publient dans un communiqué commun :
"Assad a déclaré la guerre à son propre peuple. Face à ces crimes contre l’humanité, les responsables de ce régime qui ne possèdent plus aucune légitimité devront répondre devant la justice des atrocités commises"
            Il y a à cette époque déjà des milliers de djihadistes sur le sol syrien…

-  Au mois de mai le NPA se positionne sans ambages (autocollant) :


Fin août, renchérissant sur un matraquage médiatique particulièrement virulent, d’autres poursuivent :

-  Sur le blog PCF82 le 15 août 2012 :
« Le régime Assad maintien la population dans la peur et la terreur atteint son paroxysme. » (1)
            Toujours aucune allusion au rôle des mercenaires djihadistes dans  cet article.

-  Médiapart, Albert Herszkowicz, 18 août 2012
« Tout média, toute personnalité qui établit une symétrie entre les forces du régime Al Assad et celles qui le combattent, offre de fait un regain de soutien à ce régime de type fasciste, dont les horreurs rivalisent avec celles commises contre les résistants par le régime nazi. » (2)

-  Et le lendemain 19 août 2012, 1ère page :
Syrie : « La société tient bon face à l’Etat de barbarie »
« … l’aveuglement persistant de la communauté internationale qui considère le système Assad comme un Etat et non une mafia identifiée à un clan et un homme … » (3)
Apprécions l’impartialité des exposés !

-  L’Humanité du 20 août 2012
« Pour Jean-Luc Mélenchon, la première chose à faire c’est aller voir la Russie et la Chine et leur demander fermement (…) le départ d’Assad. » (4)
            La seule et unique cause de ces tueries serait donc… Assad.

Rassurer-vous, ce billet n’a pas pour intention de dédouaner Bachar el-Assad qui porte une part évidente de responsabilités dans ce qu’il advient de son peuple, il cherche simplement à nuancer l’analyse tendancieuse et caricaturale qui nous est imposée par la propagande atlantiste et maintenant par un contrepouvoir qui manifestement est défaillant.

C’est donc bien la Gauche de Gauche qui se positionne désormais en faveur de l’impérialisme occidental en Syrie comme elle l’a fait précédemment pour la Libye et comme elle a applaudit des deux mains les révolutions arabes qu’elle s’est complue à confondre avec les révolutions romantiques de son imaginaire. L’idéalisme de la gauche est une incontestable qualité… tant qu’il ne s’affranchit pas des réalités.

Mettre en doute la spontanéité des révolutions arabes signifie, encore aujourd’hui, endosser l’habit inconfortable du conspirationiste. Pourtant il est désormais avéré que causes et effets de ces soulèvements ne coïncident en rien sinon en ce qui concerne le départ d’un dictateur. Est également évident le fait que la seule des trois révolutions du Maghreb ayant posé problème s’est vu aussitôt secourue par l’OTAN. Que se serait-il passé si la même incertitude avait plané sur la Tunisie et/ou l’Egypte ?...

Avec des « si », diront certains… OK ! Regardons alors le passé récent, ou moins récent, de la région où nous ne pouvons ignorer la disparition systématique des régimes "laïcs" depuis l’Iran de Mossadegh et plus tard du Chah, l’Egypte de Nasser, la Palestine de Yasser Arafat et, plus récemment, l’Irak de Saddam Hussein, la Tunisie de Ben Ali, l’Egypte de Moubarak, la Libye de Mouammar Kadhafi, le Yémen de Ali Abdullah Saleh. Il est notoire que la plupart de ces disparitions sont l’œuvre de l’Occident. Qui oserait prétendre que le sort de la Syrie de Bachar el-Assad n’est pas inscrit sur ce même tableau ?...

Regardons également les faits présents : le soutient explicite de l’Occident et de ses alliés à la subversion au mépris du droit international affirmant la souveraineté des nations, l’infiltration de dizaines de milliers de « fous de Dieu » étrangers, la menace d’intervention US en cas de présence d’armes chimiques rappelant singulièrement les armes de destruction massives (inexistantes) de Saddam Hussein, le battage médiatique et la désinformation crasse dont nous sommes victimes quotidiennement (le JT de 19h45 sur Arte est un exemple du genre)…

A ces faits s’ajoute le plus insupportable, le calvaire d’une population qui peut-être ne jouissait pas d’une gouvernance exemplaire, les régimes dynastiques étant rarement des modèles de démocratie, mais vivait en bonne intelligence par delà cultures et religions. Comme les populations d’Irak et de Libye elle endure aujourd’hui mille fois plus d’horreurs que si elle avait eut à souffrir du maintient (probablement provisoire) du régime baasiste, si tant est que ce dernier fut à l’image de celles que nos médias nous fabriquent.

Au vu de ce bouleversement idéologique de la gauche face à un impérialisme de surcroit libéral nous pouvons légitimement nous poser la question de savoir si nous assistons à une mutation profonde des valeurs socialistes ou, tout bonnement, à une trahison ? Voila qui serait loin d’être une nouveauté, souvenons-nous de « l’union sacrée » de 1914 où les partis socialistes européens ont renié leur opposition à la guerre pour se rallier à leurs bourgeoisies respectives ou des accords de Matignon (5) en 1936 suite auxquels partis de gauche et syndicats joueront au casseurs de grève.   



Ce rappel au siècle dernier n’est pas fortuit, nous sommes aujourd’hui à deux doigts d’une guerre mondiale dont il serait criminel d’ignorer les prémices. Or nous assistons au ralliement de la gauche aux thèses impérialistes visant à se saisir par la force d’une région particulièrement sensible pour la Russie et pour la Chine (et pour nous aussi soit dit en passant). Ajouté à cela, et c’est très loin de constituer un détail anodin, une crise de laquelle le capitalisme ne pourra guère se dépêtrer sans conflit MAJEUR, ce à quoi il a toujours eu recours pour se refaire une santé.

La SEULE possibilité de se tirer de ce guêpier c’est, comme le propose Annie Lacroix-Riz (6), d’initier une révolution dans un pays impérialiste important empêchant ce dernier d’entreprendre quelque aventure belliqueuse que ce soit et refreinant les ardeurs de ses semblables. Pour cela il faut que les populations se bougent or, comment le pourraient-elles si l’opposition collabore, si la gauche se parjure ?...

Une révolution ne s’improvise pas, ne se décide même pas, elle se suggère et lorsqu’elle survient il faut savoir l’accompagner. Aucune instance de gauche, partis ou syndicats, ne la suggère sérieusement aujourd’hui et bien évidemment ne serait en mesure de l’accompagner, c’est là que nous nous retrouvons démunis, désarmés. A nous de dénoncer la trahison de la gauche dite de gauche et des médias dits alternatifs. Diffusons des messages semblables à celui-ci aux quatre coins de la toile, listons les preuves de la forfaiture, convainquons le peuple de gauche qu’il est grugé tant par les médias aux ordres que par leurs propres structures et qu’il ne s’agit pas ici de ne sauver que la population syrienne, ce qui serait déjà pas mal, mais aussi de sauvegarder la paix mondiale.

Le capital est en phase terminal, il fera tout pour s’en sortir même remettre en cause notre survie à tous.


4-      http://www.humanite.fr/politique/melenchon-si-vous-etes-si-sur-de-votre-traite-pourquoi-vous-ne-demandez-pas-son-avis-au-pe
5-      Quelques jours plus tôt, le 7 mai 1936 lors d’une conférence de presse, Jacques Duclos, assure que le PCF respectera la propriété privée. Quant à Léon Blum, il déclare lors d’un meeting salle Wagram le 15 mai : « Donnons au pays l’impression du changement qu’il veut. »
6-      Annie Lacroix-Riz : « Si les peuples ne bougent pas, il y aura une guerre générale. Le capitalisme ne peut pas, dans la situation de crise où il est, esquiver une guerre générale. Mais, après tout, il peut y avoir une issue autre. Ça ne s’est jamais produit mais finalement ce n’est pas intellectuellement, formellement, politiquement impossible. On peut imaginer que dans un pays impérialiste (...) ceux d’en bas, ne supportant plus du tout ceux d’en haut, se mettent très très très très très en colère (...). »
« S’il y avait une révolution dans un pays impérialiste important, il est clair que l’impérialisme ne pourrait pas déclencher une guerre générale. (...) Plus les populations se bougent, plus on a des chances de survie dans des bonnes conditions. Je ne vois vraiment pas d’autres possibilités. »
http://www.montpellier-journal.fr/2010/05/si-les-peuples-ne-boug

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